samedi, août 16, 2008

A QUELQUES CENTIMETRES DU SOL - première partie


C’était une de ces nuits sans lune, comme il les aimait tellement. Il avait éteint toutes les lumières de la maison et plonger le perron de la cour arrière dans la noirceur totale. Seul le son des insectes et le vent qui courrait à travers les branches des ses majestueux arbres centenaires pouvaient encore lui rappeler ou il était. Chez lui. Loin de la ville. Couché dans la balançoire entre le jardin et la maison qui elle-même se trouvait entre un champs de blé et une montagne. C’était un endroit paisible à l’abris des tracas quotidiens qu’il cherchait à fuir depuis tant d’années. Malgré tout, il ne pouvait pas s’empêcher de se sentir privilégié. Tel un spectateur discret, il s’était retrouvé au beau milieu de cette nuit paisible ou le monde nocturne lui faisait honneur en lui accordant cet instant unique ou il ne faisait plus qu’un avec la nuit, la nature et l’univers. Complètement en harmonie avec le moment présent. Seul le grincement lent de la balançoire, tel un phare sur une mer calme, le rattachait à sa réalité.

- « El lucevan estele » se disait-il à lui-même et évoquant Puccini. « Le ciel est constellé d’étoiles ! »

Comme son existence lui paraissait soudainement insignifiante face au spectacle qui s’offrait à lui ! Mais le toussotement provenant de la fenêtre à l’étage lui rappela que sa vie était loin d’être futile; du moins pas pour elle. Catherine, sa plus récente raison de vivre, dormait paisiblement dans son petit lit. Elle cherchait en tâtant de la main sa petite couverture qu’elle repousserait plus tard à cause de la chaleur pour ensuite la chercher de nouveau du bout des doigts. Elle répéterait ce petit jeu toute la nuit sans jamais ouvrir l’œil.
Son père sourit à l’évocation de cette image et son regard se reporta sur le ciel étoilé. Malgré les sept milliards d’êtres humains qui peuplaient la terre, il avait l’impression que lui seul était témoins de ce spectacle. Ou de moins le seul qui s’en souciait peut être. C’était comme si, à ce moment précis, il flottait à quelques centimètres du sol et que la terre continuait de tourner sous ses pieds. Le temps n’existait plus pour lui. Il voyait Mars le narguer et devinait la présence de Jupiter tandis qu’une multitude d’étoiles s’étaient lové dans le creux des bras de la voie lactée.

Il était témoins de cette scène tout comme le fut nos lointains ancêtres à l’aube de l’humanité. Ces derniers y voyaient des formes d’animaux, de géants, et d’êtres imaginaires auxquelles ils s’efforceraient plus tard de leur donner vie en les associant à des histoires fantastiques ou se mêlent dieux et déesses supervisant le destin de l’humanité et du même coup, ses dieux et déesses se retrouvèrent immortalisés sous diverses formes dans toutes les mythologies des hommes. Et elles donnèrent naissance aux constellations. Et ces constellations prirent en charge le destins des hommes…


Jusqu’au jour ou Dieu prit en charge le destin des hommes et décréta que lui seul avait créé les étoiles. Est-ce Dieu qui donna naissance aux étoiles ou n’était-ce pas les étoiles et leur mythologie qui donnèrent naissance à Dieu? Il y a bien des années qu’il était convaincu de la véracité du dernier argument et avait réalisé du même coup qu’il faisait maintenant partie d’un groupe très restreint de gens qui croyait que le hasard était responsable, ou même dans certains cas, (selon son humeur) coupable de cette grande soupe sidérale.

à suivre...

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