samedi, novembre 01, 2008

Dérive sur continent

Le 27 août 2007 à 7h00 du matin, mon père se leva de son lit d’hôpital aux soins palliatifs. Il sortit de sa chambre, passa devant un homme qui passait le temps a faire des casse-tête au petit salon et sans que ce dernier ne s’aperçoive de sa présence, il se dirigea vers la sortie de secours. Il ouvrit la porte et passa derrière. Ayant le corps complètement ravagé par un cancer foudroyant qui s’était manifesté 2 semaines auparavant, papa décida de faire une pause sur la première marche d’escalier. Ce petit trajet d’à peine 20 mètres avait du lui demander un effort considérable sur son cœur et il décida de s’asseoir afin de reprendre son souffle et de se reposer un peu. Il appuya sa tête contre le ciment frais. Son cœur, qui avait fourni un effort surhumain étant donné sa condition, cessa de battre à tout rompre afin de se reposer aussi… puis, il cessa complètement.

Le 27 août 2007 à 7H10 du matin, mon téléphone sonna. Je savais au premier son du téléphone qui était à l’autre bout et aussi la raison de l’appel. Ma mère, calme et sereine, m’annonça la triste nouvelle.

Puis le temps passa quelque peu, la vie reprit son cours. Et voilà qu’on commence à ressentir quelque chose qui nous est totalement inconnu.

J’aimerais dire que l’on se sent un peu comme perdu en mer pendant des mois, mais ce n’est pas le cas. Malgré le calme de l’océan, les jours chauds qui se succèdent et qui vous éventrent la peau. Malgré les nuits froides ou seule la lune, qui vous quitte peu à peu chaque nuit, est votre seul compagnon. Malgré les tempêtes qui se déchaînent et ou vous vous accrochez à votre embarcation avec toutes vos forces. Malgré les jours, les semaines et les mois… une chose persiste : L’espoir. L’espoir d’être secouru, de vivre, l’espoir de remarcher un jour sur la terre ferme, en terrain connu.

J’aimerais dire que c’est un peu ce que l’on ressent lorsqu’un matin on vous annonce que vous avez perdu votre père... Mais ce n’est pas le cas. Pour la simple raison que l’espoir n’est pas au rendez-vous. On est toujours sur la terre ferme, en terrain connu… mais on dérive tout de même.

Il n’y a pas de manuel de survie. Ni instructions ou de formule miracle. Seulement un choix. Un seul choix pour nous guider en terrain inconnu, un choix difficile mais nécessaire qui n'offre que peu de réconfort mais un certain salut si on veut bien l’entendre et surtout, le comprendre. Plusieurs rejettent ce choix et s’accrochent à autres choses, refusant ainsi la triste réalité du destin. Refusant l’ordre naturel des choses, refusant la vie. Refusant le seul choix possible, Refusant…d’accepter.

Ce choix nous permet de continuer, d’avancer. De nouvelles expériences et de nouveaux sentiments, tout aussi tristes et malheureux, nous sollicitent constamment. La vie nous pointe du doigt et nous dit que nous ne sommes pas différents des autres, que nous devrons endurer ces souffrances et qu’un beau jour, à nous aussi, elle nous indiquera la sortie. Pour le moment, elle nous rappel le choix que nous devons faire : Accepter.

Et peu à peu, avec le temps, nous acceptons et chérissons nos souvenirs de l’être aimé et ils nous apporteront la force, le réconfort et le désir de continuer, Car je sais, au plus profond de moi-même, que c’est ce qu’il attend de moi.

Le 27 août 2008 à 7h00 du matin. Un an déjà. Le choix est fait. Ce choix m’aura donné, dans la dernière année, la force de surmonter la mort de mon père. La force de passer aussi a travers la perte de mon emploi qui me comblait. La force de surmonter la mort tragique d’une femme que j’aimais et pour qui j’avais une grande admiration. La force et la joie des retrouvailles très émotives avec un être cher. Mais aussi la chance de réaliser à quel point la vie est précieuse et que tout ceux qui partagent ma vie le sont tout autant à mes yeux. Ma mère, mon frère, mon fils, mes amis ainsi que la femme qui partage mon quotidien. A vous tous, merci et longue vie et profitez du moment présent.

Neil.

2 commentaires:

Anonyme a dit...

Tabarnak Kenneth, y’a rien à peinturer icite.
Lâche ton pinceau pis vient jouer aux cartes.
Ca fait assez longtemps que j’t’attends.

Neil Obstat a dit...

Touchant commentaire de Jean-Marc, qui nous manque aussi...